ampleur qu'il
faut désormais parler de «défaunation» et d'un inédit « anéantissement
biologique ». Ces termes sont ceux employés par les auteurs d'une gigantesque
étude 1 portant sur l'examen de 27600 espèces. Ils ont cherché à quantifier le
déclin des populations animales et de leurs territoires de vie et, sans
surprise, les deux érosions sont liées : le lion d'Afrique, pour ne citer que
lui, ne survit plus que dans 25% de son aire de répartition historique; les
lions étaient 200 000 au milieu du Xxe siècle, ils ne sont plus que 35000. La
menace concerne 29 % des espèces animales – dont la moitié risque la
disparition. Et si vous pensez que l'Europe n'est pas concernée, sachez qu'en
France, le chardonneret a enregistré une perte de 40 % de ses effectifs en dix
ans.
Du jardinier du
dimanche qui saupoudre ses plates-bandes de Roundup assassin à l'exploitant
céréalier indifférent à la disparition de toute vie dans ses champs, l'Homo erectus
modèle XxIe siècle brille par son coupable aveuglement. Avouons-le, les causes
de la catastrophe sont si nombreuses – agriculture de masse, déforestation,
extraction minière, urbanisation, pollution, surpêche, braconnage – qu'il peut
être tentant de se cacher derrière un pratique : «Que puis-je y faire à mon
niveau?» Sauf que l'enjeu est là: dans la prise de conscience, par chacun, que
nous sommes collectivement coupables de détruire l'écosystème de la planète •
1 Gerardo Ceballos,
Paul R. Ehrlich, Rodolfo Dirzo ont publié leurs résultats dans Proceedings of
the National Academy of sciences.
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