J’avais été averti dès le départ qu’il n’existait aucun moyen de savoir quel pouvait
être mon seuil individuel, et que le seul moyen de le découvrir passait par l’expérience directe.
Sur le conseil de Don Juan, je me contraignais régulièrement avec persévérance, à demeurer silencieux,
et un jour, alors que je me promenais à l’UCLA, j’ai franchi ce mystérieux seuil. J’ai su que je l’avais atteint parce
qu’en un instant, j’ai connu quelque chose que Don Juan m’avait longuement décrit. Il avait appelé ça «
arrêter le monde ». En un clin d’œil, le monde cessa d’être ce qu’il était et pour la première fois de
ma vie, j’ai eu conscience de voir l’énergie qui circulait dans l’univers.
J’ai dû m’asseoir sur les marches d’un escalier en briques. Je savais que j’étais assis sur de la
brique, mais je ne le savais qu’intellectuellement, par l’action de ma mémoire. Pour ce que j’éprouvais, je m’appuyais
sur de l’énergie. J’étais moi-même de l’énergie, comme tout le reste autour de moi. J’avais aboli mon
système d’interprétation.
Après avoir vu directement l’énergie, je pris conscience, alors que je voyais pour la première fois de ma vie,
d’avoir vu toute ma vie l’énergie qui circule dans l’univers, de l’avoir toujours vue sans le savoir. Ce n’était
pas nouveau pour moi de voir l’énergie.