ESPRIT SHAMAN
.

Les images se multiplient, fugaces et vives,
Insaisissables demeures des richesses éternelles
D'un esprit qui contemple loin du temps
Tous les mondes possibles
L'Esprit Shaman
.
Le chamanisme, il faut le créer, l'inventer. Il n'existe pas en tant que formule, en tant que temple, en tant que système. C'est une réanimation permanente du vivant.
Luis Ansa, le Secret de l'Aigle

.L'homme succombera, tué par l'excès de ce qu'il appelle la civilisation. J. H. Fabre



POLYCULTURE DE L'ABEILLE




Le bourdonnement des abeilles,
     C'est le tambour du monde.
                     Proverbe dogon




Kirikino : Quel rapport avec la transe du chamane et les nids d’abeilles?

Jean : Ecoutes plutôt la réponse qu’en donne Lewis Williams :
« Dans la nature sauvage, les rayons de miel prennent souvent la forme de courbes catenaires emboitées, et les abeilles qui accompagnent de nombreux exemples peints de ce genre de courbes suggèrent qu’un shaman a interprété la vision entoptique comme un rayon de miel. Ceci vient de ce que les abeilles sont pour les San un symbole potentiel de la puissance surnaturelle que les shamans maîtrisent pour entrer en transe. Cette interprétation de courbes catenaires était aussi contrôlée par les croyances concernant l’exécution de la transe et était probablement encouragée aussi par un bourdonnement d’abeilles vécu expérimentalement dans certains états d’altération ». cf:Rayons de miel et vision shamanique

Les Tchérémisses sibériens appellent le paradis le jardin des abeilles, où règne la mère des beilles, protectrice des ruchers. Pour eux, la ruche installée dans un chêne est l'âme de l'arbre et apporte la prospérité. Et ils disent alors : «Chêne, garde bien les Abeilles autour de toi!» 

 Les Bouriates sibériens croient que leur âme peut sortir de leur corps par leurs narines pendant leur sommeil et s'en­voler au loin sous forme d'abeille. Dans le Jura suisse, on m'a raconté l'histoire suivante : Deux amis étaient partis en randonnée. Au matin, l'un des deux hommes dit : J'ai fait un rêve magnifique : j'entrais dans un palais et je visi­tais toutes les pièces, plus riches les unes que les autres.» La nuit suivante, son compagnon fut réveillé par un bruit : un bourdon sortit de la narine de son ami et s'envola vers la forêt. Il réussit à le suivre. L'insecte se posa sur un crâne desséché de vache, dont il parcourut longuement l'inté­rieur Puis il reprit son vol jusqu'au dormeur, s'insinua dans la narine de celui-ci qui se réveilla, décrivant avec émerveillement son palais de marbre blanc.
Le chaman qui tourne neuf fois autour du bouleau ou du mélèze sacré peut prendre la forme d'une abeille blanche pour s'envoler vers le domaine des dieux et quémander leurs faveurs.


En Égypte ancienne, l'abeille représente le Royaume du Nord et Pharaon est nommé Roi du roseau et de l'abeille, soit Roi de la Haute et Basse Égypte. La tombe du roi mérovingien Childéric était remplie d'abeilles d'or. Napoléon Bonaparte, quand il fut couronné empereur, voulut se démarquer de la fleur de lys des Capétiens et choisit l'abeille comme emblème. Cambacérès proposa au Conseil d'Etat les abeilles, parce qu'elles constituent une république.


Les abeilles sont souvent issues des larmes divines : celles du dieu-soleil égyptien Amon-Rê ou celles du Christ sur la croix.

Dans la mythologie indienne, les dieux barattent la mer avec le corps d'un serpent. Ils s'agitent si frénétique­ment dans leur impatience qu'une mousse de poison se forrme à la surface du liquide. Vishnu se transforme en abeille d'or et absorbe le poison pour éviter qu'il ne tue l'univers. Le serpent prend le reste du venin. Grâce à Vishnu, l'abeille d'or, les dieux parviennent à produire l'amrita, le nectar d'immortalité. Dans un autre épisode, les démons ayant volé l'amrita, Vishnu se métamorphose en femme magnifique, la Maya, l'âme du monde.
Quand les dieux sacrifient Vishnu, ils font sauter sa tête avec son arc, comme les apiculteurs anciens taillaient la ruche pour récupérer le miel, sacrifiant la colonie d'abeilles.

Le philosophe grec Platon affirmait que les âmes des hommes sobres se réincarnaient sous forme d'abeilles. On retrouve cette croyance en Grande-Bretagne et en Scandinavie.



L'abeille oraculaire : Les abeilles sont censées être les messagères divines, et les hommes ont toujours pensé qu'elles connaissaient l'avenir et pouvaient tendre des oracles. Dans la Grèce antique, la Pythie était surnommée l'abeille de Delphes. Les Écossais parlent dans leurs adages de la vieille sagesse des abeilles, le leur antique savoir. Une abeille qui se pose sur un vêtement est un bon augure, chez les Bouriates de Sibérie. Pour les Dogons, une abeille qui bourdonne obstinément autour de quelqu'un prédit un décès.

Dans le mythe d'Orphée dépecé par les Ménades, le doux héros à la musique harmonieuse, sorte de faux-bourdon qui a fini son office, est rattrapé par l'essaim déchaîné, dans une cacophonie de sistres et de tam­bourins. Sa tête, ruche bourdonnante, continue à chanter le nom dEurydice, la reine de la ruche, et les habitants de Lesbos venaient lui quémander des oracles.

En République tchèque, dans le pays valaque, les ruches sont sculptées en forme de têtes humaines et les abeilles sortent de leurs bouches.


On croit couramment que les bourdonnements d'abeilles sont un langage ésotérique : paroles divines qui nous renseignent sur notre avenir, paroles de défunts, avec lesquels on continue à correspondre par les cierges bénits.

On racontait jadis que, pendant la nuit de Noël, à minuit les ruches s'illuminaient et que les abeilles chan­taient des cantiques. La nuit de l'Epiphanie, on allait écouter les ruches : les abeilles parlaient en langage humain et prédisaient l'avenir. Cette nuit-là, Berthe la fileuse visitait les villages, accompagnée d'un essaim d'abeilles qui étaient les âmes des enfants qui devaient naître dans l'année : quand les abeilles se portent bien, les hommes continuent à se reproduire.

La majorité des récits mettent l'abeille au service de Dieu et des hommes. Cependant les procès de sorcellerie parlent d'un démon Appes qui était un diable sous forme d'abeille. Et, en Provence, Belzébuth était consi­déré comme le roi des mouches. Il persuadait les sor­ciers d'avaler un roi des abeilles pour devenir insensible à la souffrance et savoir se taire en toutes circonstances.


Chez les Mayas, la planète Vénus est appelée la calebasse de l'abeille. Tout le calendrier maya était établi suivant les phases de cette planète. L'année était de treize mois qui étaient nommés abeilles. À chaque fin de cycle vénusien, les temples étaient détruits et reconstruits suivant la nouvelle orien­tation du lever et du coucher de l'astre. En Amérique du Sud, les étoiles sont très souvent prises pour des abeilles. Les astronomes contemporains parlent d'es­saims d'astéroïdes.
Dans plusieurs contrées du monde, on trouve des clans des Abeilles. Par exemple, les Simoahawara chez les Indiens Warrau de Guyane ou les B'yyapa du Yunnan, en Chine.

La Grande Déesse préhistorique En 3700 av. J.C., un crâne de bovidé a été gravé sur une omoplate :
une abeille dansante est martelée sur la face. Cette représentation de la déesse abeille a été retrouvée dans une grotte de la vallée du Seret, en Ukraine. Comme la déesse amazonienne qui s'offre en sacrifice pour créer les plantes nourricières, la déesse vache se transforme en abeille après le sacrifice. On a long­temps pensé que le cadavre de l'animal générait les essaims ; cette croyance vient peut-être de l'observa­tion d'essaims sauvages ayant élu domicile dans la ruche naturelle constituée par des côtes ou un crâne.

Bêtit-Hilé la Babylonienne : Ce nom de la Grande Déesse signifie : «Celle qui comprend les figurines de cire>, utilisées pour rendre des oracles.

Telepinou le Hittite : Un jour, ce dieu de la végétation disparaît et la nature dépérit. Le dieu du Soleil envoie en vain des émissaires à sa recherche : l'aigle à deux têtes, le dieu du tonnerre et de l'orage. il fait alors appel à la Grande Déesse qui dépêche l'abeille. Celle-ci découvre Telepinou endormi dans un bois. Elle frictionne ses pieds et ses yeux de miel et de cire, le pique de son aiguillon. La nature peut alors reprendre son cycle normal.

Isis et Nephtys les Égyptiennes : ces deux divinités aidaient les femmes en couche. Elles sont parfois représentées avec des ailes d'abeilles. Un conte du Papyrus Westcar raconte l'accouchement de la reine Redjedet qui met au monde trois fils. Isis lui offre un sac d'orge dans lequel elle a glissé trois couronnes d'or, rayons d'où sortiront des abeilles, signe de prospérité pour les futurs pharaons.

Rboecos l'Assyrien sauva un chêne qui allait être emporté par une inondation. Il épousa l'hamadryade, habitante de l'arbre, et promit de ne jamais lui être infidèle. Il manqua à sa promesse et une abeille, qui le piqua aux yeux. Les apiculteurs sont tenus à une fidélité exemplaire.

Artémis, déesse de la chasse, est considérée comme une image de la Grande Déesse avant l'arrivée des Achéens. Ses prêtresses étaient appelées les abeilles et faisaient voeu de chasteté. Elle assistait les femmes en couches. Elle revêtait parfois la forme d'une ourse avide de miel. À Éphèse, son sanctuaire et le chemin qui y conduisait avaient été désignés par un essaim.
Son frère Apollon est aussi marqué par l'abeille. Iamos, fils d'Apollon et d'Evadné, fut abandonné par sa mère sur une montagne et nourri de miel par deux serpents. On le découvrit, jouant sur un tapis de violettes en fleurs. Conduit par la voix de son père jusqu'à Olympie, il fut un devin célèbre qui comprenait le langage des oiseaux et interprétait les augures dans les entrailles des animaux sacrifiés.

Les dieux nourris de lait et de miel sont ceux qui doivent devenir des dieux puissants (Zeus, Dionysos) ou des héros célèbres (Attis, Mélitée). Cette nourriture céleste, réservée habituellement aux nourrissons, ,semble suffisamment riche pour nourrir un homme : le berger Comatas, accusé d'avoir volé des bêtes dans le troupeau de son maître pour les sacrifier aux nymphes, est enfermé dans un cercueil de cèdre. Trois ans plus tard, il en ressort vivant : les abeilles l'avaient nourri pendant tout ce temps.

Nantosuelta la Gauloise : Cette déesse était honorée dans tout l'est de la France, au Luxembourg et jusqu'à Trêves, en Allemagne. Son nom signifie rivière qui ser­pente, et elle est accompagnée d'un corbeau, d'un ser­pent et d'abeilles. Elle porte dans la main gauche un sistre en forme de maison ou de ruche. Son compa­gnon est Sucellus, Dieu le Père des Gaulois, dont le nom signifie Le bon frappeur. Il porte un maillet et un pot. Les deux divinités apportent fécondité, abondance et santé. Dans la région de Trêves, on honorait aussi la déesse Aveta : est-ce le nom d'abeille de Nantosuelta ? Elle portait des corbeilles de fruits, des chiots ou des enfants.

Béfind l'Irlandaise : Elle était l'une des trois fées qui étaient présentes à la naissance de chaque enfant : elle prédisait l'avenir du bébé et lui offrait des dons. Une table était dressée pour elle dans la chambre d'accou­chement. Son nom signifie Dame Blanche ou La très brillante.

Yspadadden le Gallois : dans le mythe de Kulhwch et Olwen, parmi les épreuves imposées au héros pour gagner la main de sa fille, le géant Yspadadden lui demande un miel neuf fois plus doux que le miel du premier essaim, pour préparer le bragawd du festin. Il exige aussi la cuve de Llwyr fils de Llwyrron, car il n'y a pas d'autre récipient au monde qui puisse contenir ce fort breuvage. L'hydromel ou bragawd, dérivé du nom du malt (brag), était une bière enrichie de miel.

Byggvir et Beyla les Scandinaves : Ce couple de dieux mineurs apparaît dans le Lokasenna, où le dieu du feu Loki prend à partie chaque dieu et chaque déesse venus assister au festin annuel des dieux. Byggvir et Beyla représentent l'orge et l'abeille, dont l'union donne la bière. Ils sont tous les deux serviteurs de Freyr, le dieu de la fécondité et de la nature.

Les Walkyries germaniques font entendre un bourdon­nement d'abeilles quand elles conduisent les guerriers au combat. Elles servent de la bière et de l'hydromel aux héros morts au combat.

Les Dames de Noël, de l'Épiphanie ou du Carnaval en Europe : Ces personnages folkloriques sont toujours accompagnés d'un essaim d'abeilles. En leur honneur, les cuisinières préparent des pains d'épices riches en miel. Vieille, Berthe, Tante Arie ou Befana, elles sont laides et vieilles et distribuent des douceurs aux enfants. Elles protègent les mères. Pierre Bruegel l'Ancien, dans : Le combat de Mardi-Gras et de Mi-Carême, a peint une de ces Dames sous les traits d'une vieille coiffée d'un toit de ruche d'où s'échappent des abeilles. 

Dans les montagnes suisses, les enfants se fabri­quaient des rhombes. Ils faisaient tournoyer un bar­deau (tavillon en Suisse Romande, tavaillon en Franche-Comté) attaché à une ficelle. On peut aussi faire passer une ficelle dans un os percé ou dans un gros bouton et les faire tourner en tenant la ficelle dans les deux mains. Il existe des os perforés, ayant servi à cette pratique, qui datent du Moyen Âge.
Cette imitation du bruit de l'essaim en vol avec des tavillons était une manière de communiquer avec les âmes des morts, tout en étant protégé par la maison des vivants. Un conte de Moutier, dans le Jura sud, narre les aventures d'un garçon, un soir de Toussaint. Il parie avec des amis qu'il se rendra à minuit chercher une sonnaille oubliée dans un chalet de montagne. Sa marraine, avertie, lui dit de se munir de deux tavillons enlevés à la façade de sa maison et de les lier par une puis de les porter en collier, un tavillon sur la poitrine, l'autre sur le dos. Aucun revenant rencontré pendant ses aventures ne peut lui faire de mal.

Le chant de l'abeille est représenté par différents ins­truments de musique. Le frelon de l'abeille solitaire est imité par le violon, la mouche de la vielle à roue ou la ghaïta. Le bourdonnement de la ruche au travail est comparé au tambour Le vrombissement de l'essaim. en Vol est donné par le rhombe, pierre ou os attaché à une ficelle et que l'on fait tourner au-dessus de la tête. La poursuite de l'essaim et l'injonction des hommes pour le faire descendre sont accompagnées de sistres et de tam­bourins.


L'abeille est une représentation des âmes du Purgatoire, dans certaines régions de France. 

Les Compagnons du Tour de France ont choisi l'abeille comme symbole.

Le traditionnel couteau Laguiole comporte une représentation de l'abeille, qui selon la légende représente l'élément Air. L'abeille se situe à la jonction du manche et de la lame.  L'abeille est orientée vers l'éléments Feu représenté par la lame (la flamme),  l'Eau est représenté sur la base et le dos de la lame par des ondulations gravées. L'élément Terre est représenté sur le dos du manche dans le métal par des gerbes de blés gravés.  Notons que tous ces éléments sont matérialisés dans le métal, lui-même élément dans la tradition taoïste, tout comme le bois du manche. Ces représentations symbolisant les éléments furent un moyen de transmettre la connaissance du paganisme, étroitement en lien avec les forces de la natures, à une époque où l'Eglise catholique se consacrait a éradiquer tous cultes païens ( à ce propos les lieux sacrés à forte énergie honorés par nos ancêtres furent bien souvent rebaptiser  "Malvale" par l'Eglise pour dissuader les populations à fréquenter ces hauts-lieux telluriques, habité par les Fées et autres Dévas de la nature. La "christianisation des menhirs en est un autre exemple).

Au XVIle siècle, la famille florentine des Barberini, dont l'emblème était une abeille, donna un pape à l’Eglise : Urbain VIII. Grand mécène, il fit construire pour lui et les membres de sa famille de superbes palais où l'abeille était à l'honneur. Il favorisa des :architectes comme le Bernin ou Francesco Borromini. Celui-ci, natif de Bissone, dans le Tessin (Suisse), uti­lisa toutes ses qualités d'observation pour construire la chapelle Saint-Yves-de-la-Sapience, destinée au principal établissement d'enseignement laïc à Rome. Sur un plan hexagonal, comme l'alvéole de cire, le bâtiment est édifié comme une ruche, la ruche de la sagesse.

Pendant longtemps, on a cru que la reine était un roi et n'avait pas d'aiguillon. Le roi Louis XII avait comme emblème une ruche bourdonnante servant de corps à cette devise : «Le roi n'a pas d'aiguillon pour exprimer sa grande magnanimité.


Symbole d'immortalité et de résurrection, les abeilles sont choisies afin de rattacher la nouvelle dynastie du Premier puis du Second Empire aux origines de la France. En effet, des abeilles d'or (en réalité des cigales) avaient été découvertes en 1653 à Tournai dans le tombeau de Childéric Ier, fondateur en 457 de la dynastie mérovingienne et père de Clovis. Elles sont considérées comme le plus ancien emblème des souverains de la France.

 Le blason de Jeanne d'Arc : une abeille sur une ruche.
 Devise : Une vierge défend le royaume par la pointe.

Certains Saints sont représentés avec une ruche dans les bras ou à leurs pieds. La légende dorée raconte souvent qu'à leur naissance, une abeille s'est posée sur leurs lèvres, ce qui souligne leurs dons d'orateurs. Voici quelques-uns de ces saints, différents suivant les régions : 
Saint Pierre, Saint Philippe, Saint Jacques ou Saint Jean Chrisostome (à la bouche d'or), Saint Valentin, Saint Bernard de Clairvaux, Saint François de Sales.

Saint Ambroise, évêque de Milan, est le patron offi­ciel des apiculteurs en France. En Irlande, on raconte qu'au Ve siècle, Saint Gobnait défendit sa région contre des envahisseurs en déversant sur eux le contenu d'une ruche dont les abeilles aveuglèrent les ennemis.

Saint Gorgon est honoré le 9 septembre par une fête des cierges, avec adjudication d'un cierge géant, pou­vant atteindre 60 kg.

Dans le Valais suisse, à Fully, on fête la Saint Symphorien, le 22 août. Des figurines de cire représen­tant des parties du corps sont achetées par les malades pour obtenir guérison. Ces ex-voto sont déposés dans une corbeille devant la statue du saint, et, l'année sui­vante, sont refondus pour devenir des cierges.

La légende pyrénéenne raconte que Saint Aventin échappait à ses persécuteurs en s'envolant comme une abeille. Il mourut décapité au bord du torrent d'Oueil et prit sa tête dans ses mains pour la porter jusqu'au lieu de sa naissance, à quelques centaines de mètres de là. Trois siècles plus tard, un taureau s'éloigna du trou­peau et gratta la terre de son sabot, jusqu'à dégager un sarcophage. Le berger alla quérir du renfort pour ramener sa bête, mais le taureau chargeait quiconque s'approchait. Le curé vint avec de l'eau bénite. L'animal s'éloigna. Mais quand le prêtre eut ouvert la tombe, un essaim d'abeilles en jaillit, attaquant tous ceux qui s'avançaient. L'évêque demanda un bref au pape. On put alors installer l'essaim dans une ruche et transpor­ter les reliques en lieu sûr. Une église fut édifiée à cet endroit, où l'on découvrit deux stèles votives au dieu gallo-romain Abellio.

Partout où existent des abeilles, le miel est l'un des éléments essentiels de la fabrication de l'ambroisie, la boisson qui confère l'immortalité aux dieux. Les Hindous l'appelaient amrita, les Iraniens .- soma, les Méditerranéens : vin miellé, les Celtes : hydromel et les Scandinaves: kvas.
Dans tous les récits mythiques, les dieux l'élaborent parce qu'ils craignent de mourir. Pour que ses principes ne se dissolvent pas, elle doit être consommée à des dates officielles, réglées par une liturgie contraignante : aucune divinité ne doit manquer ce festin où sont renouvelés les engagements qui lient le groupe social. Les anciennes divinités détrônées essaient, sous forme de démons, de la voler et de troubler ainsi l'ordre ins­tauré. Mais les nouveaux dieux sortent vainqueurs de l'affrontement.
Reflets des dieux sur terre, les hommes reproduisent ces agapes qui resserrent les liens sociaux et aident à vivre. (Noël, Nouvel An, Carnaval et autres fêtes offi­cielles.)
L'abeille, messagère entre les mondes, participe à sa manière à l'évolution de la société humaine, aidant à confectionner le breuvage sacré qui consolide la paix et la solidarité.

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Voie chamanique de l'abeille


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