ESPRIT SHAMAN
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Les images se multiplient, fugaces et vives,
Insaisissables demeures des richesses éternelles
D'un esprit qui contemple loin du temps
Tous les mondes possibles
L'Esprit Shaman
.
Le chamanisme, il faut le créer, l'inventer. Il n'existe pas en tant que formule, en tant que temple, en tant que système. C'est une réanimation permanente du vivant.
Luis Ansa, le Secret de l'Aigle

.L'homme succombera, tué par l'excès de ce qu'il appelle la civilisation. J. H. Fabre



ECOLOGIE DE L 'ABEILLE

Extraits de "Contes d'abeilles", Edith Montelle.


L'abeille a toujours fasciné les hommes. De nom­breux éléments en font un insecte à part dans le règne animal:
·       sa manière d'absorber le nectar des fleurs pour éla­borer plusieurs produits, suivant le besoin : gelée royale, miel, venin, cire blanche, propolis (résine) ;
·       son organisation sociale : reine pondeuse, faux-bourdons dédiés uniquement à la procréation, ouvrières aux tâches bien déterminées ;
·       sa position entre animal domestique attaché à son maître au point de mourir s'il décède, et animal sau­vage qui retrouve sa liberté et essaime loin de la maison-mère;
·       son bourdonnement qui ressemble à un langage ésotérique ;
·       ses danses d'information qui indiquent une certaine forme d'intelligence ;
·       son aspect malpropre, poussière de pollen, opposé à la tenue impeccable de la ruche: le délicieux émerge de la saleté.


Les noms de l'abeille en français sont issus de deux racines distinctes : le mot latin spécifique apis et le mot plus général mouche.

épe, aé, éé, avette, abeille, abaille, aveille, aveillette, aourette, avi, aba, bësse, apètte, abèyon, échate, achate, apèlhe, abèle, abilho, abiyo, bilho, avilhi, avilhe, abolhe, bélho, biële, abéyo, abày', avoulhe, avuy .

mouche-aveille, mouche abueille, mouche à miel, mouchette à miel, mouchette, mouchotte, mouche à pépin, mouche à aiguillon, mouche à larme de miel, mouche épopiante, mouche du bon Dieu.

bobo, bernard, boûrde, bedeyo en tzigane, gwéna­nen, gwinénen en breton, erle en basque.

L'abeille femelle destinée à la reproduction de l'es­pèce, est appelée : roy des abeilles, roy des mouches à miel, roi des avettes, père des abeilles, père, mère, roi, reine, maîtresse-mouche, mère-abeille, mère-mouche, père bon, gouverneur, guidon, ménoun, ténèze.

Le mâle, qui n'a d'autre fonction que de féconder la reine, est appelé : bourdon, faux bourdon, gros bour­don, bourdon des abeilles, bourotte, abeillaud, abélhar, abeyoun, mouche bâtarde, bordé, morliè, bourdon au miel, gros tahon, grosse mouche, mâle.

L'abeille ouvrière est appelée : abeille-mulet, mulet, ouvrière, petite mouche, picoteuse.

Le couvain des abeilles est appelé : covin, covêy, couvice, couvi, grou, pouy, nion, niau, miel porc, rou­gérieu, marcélée.


L'essaim s'appelle jetton, abion, abeillon, mouchote.

Le rucher, ensemble de ruches, se nomme abeiller. En Touraine, ce terme désigne l'arbre creux où s'est niché un essaim. On appelle ruche orpheline ou bour­donneuse la ruche privée de reine.

L'abeillage est le droit en vertu duquel un seigneur pouvait prendre une certaine quantité de miel ou de cire sur les ruches de sa seigneurie.

L'abeillane était un chasselas, cépage recherché par les abeilles en Ardèche.
L'avet est l'un des noms de l'épicéa, qui attire les abeilles.
En musique, on appelle bourdon une note au son invariable (cloche, corde, orgue). La vielle à roue pos­sède quere cordes dont deux bourdons graves et deux mouche,, bourdons aigus.

La lune de miel était la quantité de miel qui était offerte aux jeunes mariés pour se suffire à eux-mêmes au début de leur mariage, en Scandinavie.

Les montagnards appellent abeilles le grésillement qui se fait entendre par temps d'orage au sommet des pics.
La maison d'or : métaphore du rayon de miel, elle doit être cachée dans un refuge plus modeste, tronc d'arbre creux ou crâne desséché pour les abeilles sau­vages, ruche de paille rendue étanche par de la bouse de vache ou coffre évoquant un cercueil pour les abeilles domestiques. Les alvéoles en hexagone parfait, rapprochant l'abeille de l'architecte, sont une image du labyrinthe, lieu initiatique dans lequel l'œuf devient, suivant les soins qui lui sont apportés, reine, faux-bour­don ou ouvrière.

Bourdonnement : le chant de l'abeille a été comparé à un langage ou à une musique. Les différents instruments de musique utilisés par les hommes pour imiter l'abeille sont le violon, le tambour, le sistre et le rhombe.

Mère-vierge : Les ouvrières sont une image de la vir­ginité, alors que la reine est une représentation de la fécondité. La sage-femme, qui aide les mères en couches, est comparée à l'abeille ouvrière tout occupée par les soins du couvain.

Insecte social : Travailleuse infatigable et solitaire, qui va cueillir le pollen et le nectar sur les fleurs, elle est aussi l'image de la solidarité par son appartenance à l'essaim où chaque individu se fond dans la masse. Aimant le calme et la sérénité, elle fuit les disputes : un couple humain désuni ne peut pas avoir de rucher.

Ressemblance : Rien ne distingue une abeille d'une autre abeille. Dans de nombreux contes qui mettent en scène des femmes-abeilles, le héros doit reconnaître sa bien-aimée parmi un groupe de femmes identiques à l'héroïne, et qui sont sa mère et ses soeurs.

Amie des hommes : L'abeille est associée à tous les événements de la famille : naissance, mariage ou deuils lui sont annoncés, et la ruche est décorée de rubans.

L'abeille nourrice : A Illzach était une prairie où cou­lait une fontaine qui donnait du lait au lieu d'eau. Autour poussaient des fleurs débordantes de nectar. Pendant les nuits tranquilles, la Vierge y portait les enfants sans mère et leur donnait à boire un mélange de lait et de miel. Ils souriaient dans leur berceau et, le matin, ils avaient du lait dans la bouche.

La chasse et le gibier : De nombreux contes parlent d'un garçon qui cherche du miel et rencontre un chas­seur ou un esprit de la forêt qui échange de la viande de chasse contre du miel. En Albanie, les hommes adultes dévalorisent le miel devant l'adolescent, disant qu'il est fait d'ordures. Miel et lait constituent la nourri­ture du bébé. Le garçon devient viril quand il préfère manger de la viande de chasse. Il change alors de sta­tut social.


Les contes nous enseignent à respecter la nature pour recevoir en retour richesse et prospérité. Vivant retiré dans ses tours de béton, dans des rues aux arbres empri­sonnés, le citadin craint les insectes. Il a peur de l'abeille et, si l'une d'elle s'est égarée à butiner le géranium qu'il a planté en Jardinière à ses fenêtres, il la tue sans pitié.
Les insecticides dont les jardiniers amateurs usent avec exagération et que les avions répandent en nappes dans les zones touristiques détruisent les pollinisateurs, entraînant un appauvrissement de la végétation. Chaque maillon de la chaîne écologique est solidaire de ('eux qui le précèdent et de ceux qui lui succèdent.
Par esprit de profit, les hommes créent des déséqui­libres dont ils ne peuvent mesurer les effets. En 1956, un apiculteur brésilien a importé six essaims d'abeilles africaines, plus adaptées que les abeilles européennes au climat tropical. Or, ces abeilles se sont révélées moins mellifères plus agressives et leurs piqûres sont souvent mortelles. Elles ont détruit les ruches existantes et elles menacent maintenant les ruchers d'Amérique du Nord.
En Indonésie existait de tout temps un parasite de l'abeille , le varoa. Les abeilles mélipones coexistaient avec lui, se nettoyant mutuellement quand elles étaient trop importunées. 
Un apiculteur indonésien, désirant récolter plus de miel, a importé des ruches d'abeilles mélifères. Celles-ci ne supportent pas le varoa, et des essaims infestés étant revenus, l'épidémie s'est répandue en Europe, provoquant une véritable catastrophe.



Les bigres sont peut-être les premiers apiculteurs profes­sionnels : ce terme désignait aux XIVe et XVe siècles des agents forestiers entretenus par le pouvoir royal, les seigneurs et les ecclésiastiques pour recueillir les essaims sau­vages, les élever dans des ruchers installés à proximité, les bigreries, et récolter le miel et la cire.
Dans certains pays, comme en Lorraine, la situation différait quelque peu. Les ruchers, confiés  par les sei­gneurs à des paysans apiculteurs étaient placés sous la surveillance de spécialistes, les briseurs ou briseurs jurés qui les visitaient régulièrement, effectuaient la récolte, extrayaient le miel et la cire. Leur tâche essentielle consis­tait en fait à tailler les paniers lors de leur tournée bisan­nuelle.
Les marchands de miel et de cire jouèrent un rôle crois­sant dans les siècles suivants. Pour la majorité des apiculteurs, posséder des ruches était un mal nécessaire. Ils surveillaient les essaims et les enruchaient, opérations peu compliquées lorsqu'on habite sur place. En revanche, ils taillaient rarement les ruches qu'ils possédaient, et préféraient s'adresser à un marchand qui verrait acheter leurs paniers ou prendre le miel. Il semble que ce système ait favorisé une certaine inertie des pratiquas apicoles, les marchands ou presque pratiquant l'asphyxie des ruches pou en récolter les rayons.
Une distinction intéressante s'est parfois établie, au XIVe siècle, entre éleveurs d'abeilles et producteurs de miel . C'est ainsi que les mouchards du Gâtinais qui approvisionnaient une grande partie de la ville de Paris, s'occupaient avant tout de produire le miel et s’adressaient, à l'arrière-saison, aux marchands d'abeilles, plus spécialisés dans leur élevage, pour acheter les essaims. Les colonies étaient livrées directement aux producteurs dans le courant de l'automne ou vendues dans les foires aux abeilles qui avaient lieu au début du printemps. 
(Extrait du Catalogue de l'exposition L'abeille, l'homme, le miel et la cire, Musée des Arts et Traditions populaires, 1981)
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